Une nuit paisible suivie d’un délicieux petit-déjeuner (une omelette taïwanaise), que demander de mieux ? Un peu après neuf heures, on se met en marche pour la gare centrale d’où part notre train pour Xincheng (13 euros par personne). Avant d’embarquer, j’achète deux Kinder Maxi (retour en enfance ?) et un Kit Kat Chunky au Family Mart (à l’image du Japon, Taïwan regorge de Family Mart et de 7 Eleven) situé en haut du quai. Un homme me demande d’où je viens et quand je lui réponds « France », il me sort un « Salut les copains »!
Le train entre en gare. Il est moderne et confortable (le moins qu’on puisse dire, c’est qu’il y a de la place pour les jambes), par contre la clim est réglée en mode Pôle Nord si bien qu’on utilise mon foulard en tant que plaid. Les paysages sont variés. On passe, en effet, par de vertes collines, par le littoral pacifique et par des rizières. Dans le ciel, c’est malheureusement le gris qui domine.
Arrivés deux heures plus tard à destination, on marche en direction de la maison d’hôte réservée l’avant-veille. Il s’agit de la Xincheng Old Street B&B, située à une quinzaine de minutes à pied de la gare. L’accueil y est chaleureux. On nous informe sur les horaires des bus menant aux gorges de Taroko. Une nuit coûte un peu plus de quarante euros mais c’est, d’après nos recherches, un des établissements les moins chers du coin. La chambre, dotée de deux grands lits doubles, donne sur une belle terrasse. Les serviettes sont certes fournies mais elles sont toutes fines et jetables (heureusement qu’on a les nôtres car elles n’ont pas l’air particulièrement agréables à utiliser). On déjeune dans le restaurant de fruits de mer (il n’y a cependant pas que ça à la carte) situé à gauche de notre lieu de villégiature. C’est vraiment très bon pour un prix très abordable (l’équivalent de huit euros pour deux).
Après manger, on parcourt les quelques centaines de mètres qui nous séparent de la mer parce que, comme le chante ce bon Gilbert, « l’océan Pacifique, ça fait quelque chose de magique ».
L’arrêt de bus est localisé juste devant le restaurant dont l’une des autres spécialités semble être un espèce de jus de citron que tout le monde se presse pour acheter. Panda 2 finit d’ailleurs par craquer et par ouvrir son porte-monnaie. Le trajet en bus jusqu’au parc national de Taroko coûte 25 dollars par personne et ne dure qu’une dizaine de minutes. Des toilettes sont installées à l’entrée de ce haut-lieu du tourisme taïwanais. Lorsque j’en sors, je suis marquée par le nombre de personnes qui attendent leur tour, genre une cinquantaine. Il faut dire que, dans l’intervalle, trois bus de touristes (sans doute chinois) ont investi les lieux.
Le centre des visiteurs présente une petite exposition sur la faune et la flore peuplant le parc. Des cartes et des fontaines à eau sont à la disposition du public. Plusieurs sentiers de randonnée s’offrent à nous. On se décide pour celui de Shakadang sur lequel nous marchons deux heures et demi durant. Les magnifiques gorges de Taroko ont été formées par une rivière qui a creusé son chemin à travers les montagnes de marbre et de granit. La couleur de l’eau est superbe, elle doit l’être encore plus quand le soleil est de la partie.
Sur le chemin du retour, la nuit commence à tomber. On réussit tout juste à monter dans le bus, heureusement qu’il est parti un peu plus tard que l’horaire prévu. Au supermarché situé à 700 mètres de la maison d’hôte, on achète des nouilles instantanées pour demain midi ainsi que des Digestives au chocolat (ce sont typiquement les biscuits qu’on ne mange qu’à l’étranger, sans doute parce qu’ils sont introuvables en France). On dîne ensuite dans le restaurant de nouilles implanté juste en face de notre maison d’hôte. Franchement, c’est crade en plus d’être un bazar sans nom. Le personnel n’est pas des plus accueillants mais l’établissement semble être le seul ouvert ce soir. On a rigolé quand on a vu une publicité, à la télévision du restaurant, dans laquelle des joueurs de badminton vantaient les mérites d’un chauffe-eau ! Le repas nous coûte 130 dollars.
Les 18 kilomètres de marche nous aident à tomber rapidement dans les bras de Morphée. A huit heures, on descend prendre le petit-déjeuner sur le canapé de l’entrée car, si un réfrigérateur est à la disposition des clients, il n’y a pas de cuisine dans cette maison d’hôte. La composition du petit-déjeuner est laissée au choix des clients le jour de leur arrivée. J’ai opté pour un bun au porc et des tartines de beurre de cacahuète. Le bun est bon mais la pâte d’arachide est loin d’être la meilleure que j’ai goûtée. L’omelette taïwanaise, sélectionnée par Panda 2, est excellente. Le bémol, à mon sens, c’est que les mets sont emballés dans du plastique alors qu’ils pourraient simplement être servis sur des assiettes.
A neuf heures et demi, on prend le bus pour Lashui (144 dollars pour deux, c’est plus loin) d’où part un sentier de randonnée. Malheureusement, celui-ci n’est pas ouvert en son intégralité en raison d’éboulements. On rebrousse donc chemin au bout de 500 mètres et on le prend dans l’autre sens avant d’être de nouveau bloqués après un kilomètre. On suit donc la route ! Il faut faire attention car l’espace avec les véhicules est parfois réduit. Certains tunnels paraissent interminables. Les vues sur les gorges sont très belles même si la couleur de l’eau est un peu moins stupéfiante qu’hier.
On passe par le pont Cimu avant de débouler sur le tunnel des neuf tournants. Le problème, c’est que certains sentiers ou parties de sentier sont fermés. On se retrouve la plupart du temps à longer la route ou à emprunter des chemins dont la longueur n’excède pas un ou deux kilomètres. Par rapport à hier, on se rend mieux compte de l’altitude des montages environnantes, ce qui rend les gorges encore plus impressionnantes.
Il existe certes des randonnées plus conséquentes dans les montagnes mais des permis sont nécessaires pour les entreprendre. La réservation des permis s’effectue via le site internet du parc. Il faut s’y prendre à l’avance, ce qui n’est guère évident quand on voyage en mode itinérant sans savoir précisément où on sera exactement dans les jours à venir (le permis n’est valable que pour le jour indiqué lors de sa réservation). Nous marchons le long du sentier dit de Swallow Grotto avant d’admirer au loin les sanctuaires de Changchun et de gagner le centre des visiteurs de Taroko par le sentier de Shakadang.
En guise de déjeuner, on avait amené dans nos sacs les nouilles instantanées achetées hier. Les employés du « Buluowan service station » ont eu la gentillesse de nous offrir de l’eau bouillante. On y regarde un film de dix-huit minutes sur la vie d’une tribu de Taroko.
Je reste un peu sur ma faim par rapport à cette deuxième journée au parc national de Taroko. En effet, les brochures disponibles au centre des visiteurs ne précisent pas que certains chemins sont fermés. Par ailleurs, les bus ne sont pas légion en novembre donc il n’est pas si évident de se rendre d’un point à un autre si on n’est pas véhiculé. J’aurais beaucoup aimé me lancer dans une rando catégorisée montage mais le système des permis rend les choses assez complexes d’un point de vue organisationnel. Si nous avons pu profiter des splendides gorges un jour de plus, je ne conseillerais cependant pas de suivre notre parcours du jour car c’est toujours un peu décevant de marcher vingt-six kilomètres le plus souvent en bordure de route. Les chemins présentés sur la carte du centre des visiteurs sont les plus touristiques et les plus prisés des cars de touristes. En fait, les gens, qu’ils soient en voiture, en scooter ou en bus, s’y arrêtent puis continuent leur chemin. Si vous aimez la randonnée, vous n’y trouverez vraisemblablement pas votre pied. Bref, le mieux est sans doute de s’organiser pour obtenir un permis de haute montagne aussi contraignant que cela puisse être.
On repart par le bus 1133 (50 dollars pour deux). Fait marquant du jour : l’achat d’une EasyCard estampillée One Piece (choix éclairé de Panda 2), précieux sésame qui permet de régler un certain nombre de dépenses, telles les trajets en bus (très pratique quand on n’a pas de monnaie). On trouve ces cartes dans les 7 Eleven et Family Mart où on peut également les recharger (mettre du liquide sur la carte). A la gare, on récupère les billets de train pour demain qu’on a achetés sur internet et on prend deux billets pour Hualien (première partie de notre trajet). En ce qu’il s’agit d’un train local, il est impossible d’acheter le billet en ligne.
A l’heure du dîner, on se dirige vers l’autre restaurant situé en face de la maison d’hôte. Rien à voir avec celui d’hier, il est mille fois plus propre et aussi bien meilleur. On paye 140 dollars. Juste à côté du restaurant est implantée une laverie automatique dont l’originalité est d’être couplée à des jeux à pinces car il faut bien se distraire pendant sa lessive !