Au revoir île verte, bonjour Tainan

On a très bien dormi à la Green Island Dolphin House. La literie de notre spacieuse chambre est très confortable. Le seul bémol, comme dans les autres hébergements que nous avons connus jusqu’ici à Taïwan, est la conception de la salle de bain avec une sorte de douche à l’italienne assez peu efficace s’agissant de l’évacuation de l’eau.

On se rend en scooter au Family Mart pour acheter quelques victuailles. Il est moins bien achalandé qu’hier, sans doute parce qu’il n’a pas encore pu être ravitaillé par bateau. Le scooter rendu au loueur, on fait un petit tour sur le port où se déroule une petite fête avec musique et feu d’artifice.

On monte dans le bateau de 10 heures 30. Force est de constater que la mer est nettement moins agitée qu’à l’aller. A l’arrivée au port de Fugang, les chauffeurs de taxi démarchent les passagers. On voulait à la base prendre le bus mais on se laisse corrompre par un taxi qui nous propose de nous amener tous les deux à la gare avec un Taïwanais pour cent dollars par personne. A la gare de Taitung, on achète les billets pour Tainan (361 dollars par tête, ce n’est pas le train le moins cher mais un des plus rapides). On patiente en se partageant le bento acheté dans la petite boutique à côté du Family Mart pour 80 dollars. Produits par la compagnie nationale de chemins de fer, ces bentos sont une institution dans les gares taïwanaises où on ne trouve d’ailleurs pas grand chose à se mettre sous la dent mis à part eux et les sempiternels Family Mart et 7 Eleven. Une chose est sûre, ces boîtes sont loin d’être mauvaises.

Le train entre en gare. Il n’est pas tout récent même si l’extérieur de certains wagons a été repeint sur le thème Hello Kitty. Même s’il est censé faire partie des plus rapides, notre train est assez lent et reste longtemps stationné dans plusieurs gares. Le train est tellement plein que nous n’avons pas pu avoir de places côte à côte. A Pingtung, nous ne changeons certes pas de train mais de place dans la voiture (je crois bien que c’est la première fois que ça m’arrive).

Il est 17 heures 15 lorsque nous foulons le quai de Tainan. On sent tout de suite qu’on est dans une grande ville. On marche une bonne demi-heure pour atteindre l’auberge de jeunesse qui répond au doux nom de Hii Hub. Il s’agit de notre premier dortoir depuis le début du séjour (faut-il y voir le signe d’un embourgeoisement ? Disons qu’à Taïwan les chambres doubles restent abordables). L’établissement se veut moderne et branché. Le rez-de-chaussé est en fait un café.

Notre dortoir comprend huit lits, chacun entouré de rideaux. Les toilettes sont, pour mon plus grand bonheur, japonaises (équipées de jets !). Le lavabo pour se brosser les dents est sur le balcon. Les douches, quant à elles, trônent à l’étage du dessus.

A l’heure du dîner, on se promène dans le quartier en quête d’un endroit où ça sent bon. On se prend une galette aux oignons verts sur un étal de cuisine de rue. C’est à la fois simple et délicieux (prix : 20 dollars). On se pose ensuite dans un restaurant dont les tables sont disposées sur le trottoir. Nos nouilles et riz sont succulents pour seulement 145 dollars. On se remange une galette aux oignons verts avant de franchir les portes du centre commercial situé à proximité de l’auberge. En ce samedi soir, il est particulièrement fréquenté. On y trouve notamment une boutique Marvel (avec, dans ses rayons, des cotons-tiges Marvel !), une patinoire, un magasin Snoopy. A l’extérieur, l’animation bat son plein autour d’une installation spéciale Noël devant laquelle les passants multiplient les photos.

Dans le port de Taitung

Il est temps pour nous de faire nos adieux à Xincheng. Non sans avoir avalé un bon gros bun et une omelette taïwanaise, on file vers la gare afin de pendre le train direction Hualien où nous attraperons une correspondance pour Taitung. Arrivés à la gare, on apprend que le train pour Hualien a une demi-heure de retard, ce qui est suffisant pour nous faire louper celui pour Taitung. Et là on a de la chance ! En effet, la dame qui vendait hier les billets (aujourd’hui elle est en « civil ») nous reconnaît et nous accompagne au guichet pour que nous changions nos titres de transport. Bref, nous devrions arriver à destination une heure plus tard que prévu. La gare de Hualien doit être toute proche de l’aéroport car les avions la survolent à basse altitude, c’est assez impressionnant.

Le train pour Taitung est assez lent (le premier qu’on avait réservé mettait une demi-heure de moins), ce qui nous permet de confirmer qu’il y a bien des bananiers à Taïwan. Il va falloir goûter cette production locale ! Il est 12 heures 10 quand nous arrivons à Taitung. On veut prendre le bus pour gagner le port de Fugang, où nous avons réservé une chambre, mais le service ne semble pas très performant car le prochain autocar ne passe pas avant une demi-heure. Ayant déjà perdu pas mal de temps avec le retard de train, on décide de monter dans un des nombreux taxis stationnant devant la gare. Le trajet, qui dure une quinzaine de minutes, nous coûte 300 dollars.

Nous voilà devant la Black Jue B&B ! Le gérant des lieux ne parlant pas anglais, c’est son téléphone portable qui sert d’interface pour la conversation. Les traductions sont parfois assez originales mais on finit par s’en sortir. La nuit coûte ici 1280 dollars. Notre chambre, dans laquelle les deux lits simples sont disposés à l’horizontale, est dépourvue de fenêtres. Le monsieur nous propose de réserver nos billets pour l’île verte, offre que nous acceptons. Le ticket aller/retour s’élève à 1120 dollars par personne.

Avant d’avancer plus loin dans l’exploration, on déjeune dans un des restaurants du port. Verdict : pas terrible. On marche en direction de la réserve naturelle de Xiayeliu qui offre une très belle vue sur l’océan. Les vagues qui s’écrasent sur les rochers sont particulièrement fortes.

On continue un kilomètre plus loin vers le point de vue de  Jialulan. Le vent n’y va pas de main morte, on se croirait à Saint-Malo !

On retourne ensuite près du port et c’est là que survient la deuxième péripétie du jour (la première, c’était le retard du train), j’ai nommé la morsure du chien ! C’est Panda 2 qui est injustement victime de ce caniche qui aboie sans discontinuer devant sa maison située dans une de rues adjacentes au port. On ne pensait pas qu’il allait planter les crocs et pourtant… Bref, il a fallu désinfecter la plaie. Heureusement, les cas de rage sont très rares à Taïwan et  ne semblent impliquer que des blaireaux-furets. Pour nous remettre de ces émotions, on achète un paquet de « faux » Digestives (préférez les originaux, ils sont nettement meilleurs) à la supérette tout près de la maison d’hôte. Au vu de la poussière qui recouvre les produits, le magasin n’inspire pas vraiment confiance… On dîne dans un restaurant de fruits de mer dont le patron est prêt à nous servir l’intégralité de la carte ! C’est en tout cas bien meilleur que ce midi.

Soyons clairs, le port de Fugang n’est pas folichon le soir venu. On aurait peut-être dû choisir un hébergement dans le centre-ville de Taitung (sans doute est-il plus vivant que le quartier du port) mais cette considération l’a emporté sur celle de la proximité avec l’embarcadère pour l’île verte.

On était parti pour aller à Guilin sauf que…

On dort très bien à l’hôtel Jade Emu. Le soir, il y a pas mal d’ambiance grâce notamment au billard. La salle de bain a cependant le même problème que rencontré précédemment, à savoir une mauvaise évacuation de l’eau de la douche (conséquence : la salle de bain prend une forte odeur d’humidité).

Vers 07 heures 20, on descend au bar dans l’idée d’y prendre le petit-déjeuner mais le personnel n’est visiblement pas encore arrivé. On mange donc quelques biscuits dans la chambre avant de monter dans le bus en direction de la gare. Là-bas, nous achetons les billets pour Guilin. En fait, suivant les conseils du guichetier, on prend seulement celui pour Kunming où nous devrons changer de gare pour poursuivre notre périple ferroviaire et acheter le billet pour Guilin. Dans le train pour Kunming, il n’y a malheureusement plus de couchettes. Nous nous demandons à quelle sauce nous allons être mangés pour ce trajet de plus de cinq heures. Réponse : bloc de six couchettes, les huit passagers s’assoient sur celles du bas le dos contre le mur. Ce n’est certes guère très confortable pour le dos mais c’est moins pire que les sièges dont nous avaient parlé les Belges dans le bus pour les gorges du saut du tigre. Comme hier, la musique résonne dans la voiture (il existe, au milieu de la voiture, un bouton pour la couper ; je l’ai actionné mais j’ai l’impression que les gens m’ont regardée bizarre donc j’ai aussitôt fait machine arrière).

Nous ne sommes pas au bout de nos peines après ces presque six heures de trajet ! Arrivés à Kunming, nous décidons de prendre le métro pour rejoindre la gare du Sud. La bouche de métro n’est cependant pas située dans la gare, comme c’est souvent le cas en Europe ou au Japon. Il faut sortir de la gare pour prendre le métro. Nous explorons les environs et demandons le chemin à des passants qui ne nous comprennent pas. Nous galérons et finissons par monter dans un taxi. Problème : la dame ne parle pas du tout anglais et ne semble pas saisir où nous voulons aller, bien que nous lui montrons l’endroit sur Google Map. Malheureusement, malgré un appel à une de ses collègues qui a quelques notions d’anglais, elle nous ramène à notre gare de départ… Le souci, c’est que le temps passe et qu’il faut se rendre à l’évidence, nous n’aurons pas assez de temps pour atteindre la gare du Sud et acheter les billets. Conséquence fâcheuse, nous allons perdre une deuxième journée après celle passée à Abou Dabi. Nous préférons modifier notre programme et abandonner l’idée de visiter Guilin et ses environs si c’est pour y passer un temps très réduit (il faut dire aussi que les trains pour Guilin ne sont guère nombreux). A la place, nous resterons deux jours dans la capitale du Yunnan.

C’est un peu dépités que nous nous dirigeons vers la Kunming Upland Youth Hostel qui est néanmoins des plus agréables.

On paye 228 yuans pour une chambre privative de deux lits simples (nous avions réservé un hôtel à Guilin via Booking car le train devait arriver en fin de soirée, réservation qu’il était cependant trop tard pour annuler), ce qui est relativement cher pour la Chine. Fatigués par cette journée assez stressante, nous dînons à l’auberge.