Au revoir île verte, bonjour Tainan

On a très bien dormi à la Green Island Dolphin House. La literie de notre spacieuse chambre est très confortable. Le seul bémol, comme dans les autres hébergements que nous avons connus jusqu’ici à Taïwan, est la conception de la salle de bain avec une sorte de douche à l’italienne assez peu efficace s’agissant de l’évacuation de l’eau.

On se rend en scooter au Family Mart pour acheter quelques victuailles. Il est moins bien achalandé qu’hier, sans doute parce qu’il n’a pas encore pu être ravitaillé par bateau. Le scooter rendu au loueur, on fait un petit tour sur le port où se déroule une petite fête avec musique et feu d’artifice.

On monte dans le bateau de 10 heures 30. Force est de constater que la mer est nettement moins agitée qu’à l’aller. A l’arrivée au port de Fugang, les chauffeurs de taxi démarchent les passagers. On voulait à la base prendre le bus mais on se laisse corrompre par un taxi qui nous propose de nous amener tous les deux à la gare avec un Taïwanais pour cent dollars par personne. A la gare de Taitung, on achète les billets pour Tainan (361 dollars par tête, ce n’est pas le train le moins cher mais un des plus rapides). On patiente en se partageant le bento acheté dans la petite boutique à côté du Family Mart pour 80 dollars. Produits par la compagnie nationale de chemins de fer, ces bentos sont une institution dans les gares taïwanaises où on ne trouve d’ailleurs pas grand chose à se mettre sous la dent mis à part eux et les sempiternels Family Mart et 7 Eleven. Une chose est sûre, ces boîtes sont loin d’être mauvaises.

Le train entre en gare. Il n’est pas tout récent même si l’extérieur de certains wagons a été repeint sur le thème Hello Kitty. Même s’il est censé faire partie des plus rapides, notre train est assez lent et reste longtemps stationné dans plusieurs gares. Le train est tellement plein que nous n’avons pas pu avoir de places côte à côte. A Pingtung, nous ne changeons certes pas de train mais de place dans la voiture (je crois bien que c’est la première fois que ça m’arrive).

Il est 17 heures 15 lorsque nous foulons le quai de Tainan. On sent tout de suite qu’on est dans une grande ville. On marche une bonne demi-heure pour atteindre l’auberge de jeunesse qui répond au doux nom de Hii Hub. Il s’agit de notre premier dortoir depuis le début du séjour (faut-il y voir le signe d’un embourgeoisement ? Disons qu’à Taïwan les chambres doubles restent abordables). L’établissement se veut moderne et branché. Le rez-de-chaussé est en fait un café.

Notre dortoir comprend huit lits, chacun entouré de rideaux. Les toilettes sont, pour mon plus grand bonheur, japonaises (équipées de jets !). Le lavabo pour se brosser les dents est sur le balcon. Les douches, quant à elles, trônent à l’étage du dessus.

A l’heure du dîner, on se promène dans le quartier en quête d’un endroit où ça sent bon. On se prend une galette aux oignons verts sur un étal de cuisine de rue. C’est à la fois simple et délicieux (prix : 20 dollars). On se pose ensuite dans un restaurant dont les tables sont disposées sur le trottoir. Nos nouilles et riz sont succulents pour seulement 145 dollars. On se remange une galette aux oignons verts avant de franchir les portes du centre commercial situé à proximité de l’auberge. En ce samedi soir, il est particulièrement fréquenté. On y trouve notamment une boutique Marvel (avec, dans ses rayons, des cotons-tiges Marvel !), une patinoire, un magasin Snoopy. A l’extérieur, l’animation bat son plein autour d’une installation spéciale Noël devant laquelle les passants multiplient les photos.

L’île verte, celle qui porte si bien son nom

Il fait particulièrement chaud dans cette petite chambre sans fenêtre de la Black Jue B&B. Certes, elle est équipée de climatisation et d’un ventilateur mais ces deux équipements sont bruyants (déjà qu’on a débranché le frigo…). Le petit-déjeuner est composé de délicieux buns aux différentes saveurs. Après avoir copieusement mangé, note crainte est d’être malade sur le bateau pour l’ile verte car, d’après ce que nous avons lu, de nombreux passagers se font porter pâles…

En effet, si le bateau est aujourd’hui peu rempli, force est de constater que les sacs plastiques ne sont pas là pour rien. Panda 2 en sait d’ailleurs quelque chose… Heureusement, tout rentre dans l’ordre une fois le pied posé sur la terre ferme ! Sur le port de l’île verte, les loueurs de scooters proposent leurs services. Pour nous, la priorité est cependant de trouver la maison d’hôte, la Green Island Dolphin House, dans laquelle nous avons réservé pour une nuit. On la repère, on s’adresse à la dame sur la terrasse mais celle-ci ne semble pas comprendre. On en déduit donc que c’est plus loin. Néanmoins, devant l’évidence, on y retourne et figurez-vous que c’est bien là ! Le problème, c’est qu’ils n’attendaient visiblement pas de clients aujourd’hui… En effet, la gérante nous explique (conversation menée comme hier par le biais d’un téléphone portable) qu’elle a prévu de prendre le bateau cet après-midi pour Taitung. Cela ne nous dérange pas de rester seuls donc on investit les lieux. On paye un peu moins cher (2600 dollars) que prévu car la gérante (vu qu’elle part) ne sera pas en mesure de préparer le petit-déjeuner. La chambre est spacieuse (comme ils disent ici, c’est une quadruple avec deux grands lits doubles), il s’agit de la plus grande que nous avons connue jusqu’à présent. La gérante propose de nous vendre des billets pour la célèbre source chaude, ce que nous acceptons. Nous les payons 180 dollars par personne alors que le tarif normal serait de 200 dollars.

Il est maintenant temps de nous procurer un moyen de locomotion ! J’avais lu qu’un service de bus permettait de faire facilement le tour de l’île, cependant nous n’en avons croisé aucun ! Peut-être parce que nous sommes en basse saison ? Se procurer un vélo ? Ce n’est sans doute pas infaisable même si l’île n’est pas toute plate. Un vélo électrique ? Le concept n’a pas l’air développé ici. La seule alternative semble être incarnée par le scooter électrique. La gérante de la maison d’hôte (qui doit entretenir des relations privilégiées avec un loueur) fait signe à deux types en scooter de nous emmener jusqu’à un magasin. On monte derrière chacun d’eux sans casque (ce qui a l’air d’être une coutume sur l’île verte et qui tranche avec le « continent » où tout le monde en porte un), heureusement c’est genre à deux cents mètres. La transaction étant des plus rapides, nous sommes quelques minutes plus tard heureux locataires du splendide vélomoteur électrique que voici :

P1040849

La batterie est prévue pour durer une quarantaine de kilomètres, ce qui est suffisant pour faire le tour de l’île (environ 20 kilomètres). Quand elle s’amenuise, il suffit de revenir chez le loueur pour la changer. La location coûte 600 dollars (auxquels il faut ajouter 1 000 dollars de caution), soit un peu plus cher que celle d’un scooter classique. Si le scooter électrique n’est pas neutre écologiquement, il constitue en tout cas une option crédible au bruit et à la fumée.

C’est donc parti pour un tour de l’île de folie ! Notre premier arrêt, c’est le Family Mart où nous achetons quelques victuailles pour le déjeuner. On les mange face à la mer non loin du parc national des droits de l’homme, ancienne prison réaménagée en mémorial en hommage aux victimes de la terreur blanche et de la loi martiale. Le paysage est absolument magnifique entre les collines et la superbe couleur de l’eau qui caresse les rochers. Il fait chaud aujourd’hui, le mercure doit approcher les trente degrés.

On poursuit notre route, nous arrêtant comme bon nous semble. On ne croise pas beaucoup de monde sur la route en ce vendredi mais au vu des files impressionnantes de scooters de location, il doit en être tout autrement en haute saison.

On marche le long du sentier de 1,8 kilomètre qui monte sur les hauteurs de l’île. Il est pavé et comprend un certain nombre de marches. On s’engage ensuite sur un autre chemin beaucoup plus sauvage. On entend des bestioles de partout et on touche de grandes toiles tissées par des araignées en plein milieu du sentier. Ce sont ces dernières, bien plus imposantes que leurs homologues européennes, qui nous font rebrousser chemin. En plus des araignées, on aura vu deux espèces de biches, une multitude de lézards et deux serpents. Bref, si la possibilité de rencontrer ce type de bestioles vous effraie, cette petite randonnée n’est peut-être pas faite pour vous !

On remonte sur le terrible engin pour gagner la source d’eau chaude salée (il n’en existe que trois sur la planète) de Zhaori. Les vestiaires sont un peu désuets, on se croirait dans une vieille piscine municipale.

Certains bassins sont très chauds (je n’ai pas réussi à faire trempette dans celui à 43 degrés), d’autres moins. Ils offrent une très belle vue sur l’océan. Le port du bonnet de bain étant obligatoire, nous sommes forcés d’investir (cent dollars les deux) à défaut de pouvoir en louer. Après cette sympathique baignade, on gravit l’escalier menant à la petite colline surplombant les piscines. La nuit étant presque tombée, on rentre à la maison d’hôte après une escale chez le loueur de scooters afin de changer notre batterie. Il fait faim alors on reprend notre cheval d’un jour pour nous mettre en quête d’un restaurant. Malheureusement, celui répertorié dans le Lonely Planet est fermé. On se rabat alors sur le seul dans lequel il semble y avoir un peu de monde. A mon sens, l’île verte est un peu trop touristique pour que les restaurants y soient si bons qu’ailleurs à Taïwan. Nos plats ne sont certes pas mauvais mais rien non plus d’extraordinaire. En plus, ils se sont trompés sur le plat pourtant soigneusement sélectionné par Panda 2 (qui, entre la morsure de caniche et le mal de mer, joue de malchance ces dernières vingt-quatre heures). L’addition s’élève à 700 dollars, ce qui est assez cher.

On repasse à la maison d’hôte rassembler nos vêtements sales car c’est jour ou plutôt soir de lessive ! On a repéré une laverie ouverte 24/24 située juste à côté du 7 Eleven donc on saute sur l’occasion. En plus des traditionnelles machines à pinces, d’autres distractions sont là pour débaucher le client (genre des distributeurs de produits divers et variés tels des figurines de cochons, des mini-sandales Adidas, des chiens en cuir estampillés Luis Vuitton !). On choisit la machine à laver de moyen calibre qui coûte 120 dollars (la lessive est vendue 10 dollars). Une jeune femme nous aide pour la sélection du menu car cette étape n’est pas traduite en anglais. Pour utiliser les séchoirs, il faut compter 10 dollars les quatre minutes. Tous les vêtements n’étant pas secs, on est forcé de s’y reprendre à plusieurs fois. C’est certes un peu long mais, avec un bon bouquin, ça passe bien !

Dans le port de Taitung

Il est temps pour nous de faire nos adieux à Xincheng. Non sans avoir avalé un bon gros bun et une omelette taïwanaise, on file vers la gare afin de pendre le train direction Hualien où nous attraperons une correspondance pour Taitung. Arrivés à la gare, on apprend que le train pour Hualien a une demi-heure de retard, ce qui est suffisant pour nous faire louper celui pour Taitung. Et là on a de la chance ! En effet, la dame qui vendait hier les billets (aujourd’hui elle est en « civil ») nous reconnaît et nous accompagne au guichet pour que nous changions nos titres de transport. Bref, nous devrions arriver à destination une heure plus tard que prévu. La gare de Hualien doit être toute proche de l’aéroport car les avions la survolent à basse altitude, c’est assez impressionnant.

Le train pour Taitung est assez lent (le premier qu’on avait réservé mettait une demi-heure de moins), ce qui nous permet de confirmer qu’il y a bien des bananiers à Taïwan. Il va falloir goûter cette production locale ! Il est 12 heures 10 quand nous arrivons à Taitung. On veut prendre le bus pour gagner le port de Fugang, où nous avons réservé une chambre, mais le service ne semble pas très performant car le prochain autocar ne passe pas avant une demi-heure. Ayant déjà perdu pas mal de temps avec le retard de train, on décide de monter dans un des nombreux taxis stationnant devant la gare. Le trajet, qui dure une quinzaine de minutes, nous coûte 300 dollars.

Nous voilà devant la Black Jue B&B ! Le gérant des lieux ne parlant pas anglais, c’est son téléphone portable qui sert d’interface pour la conversation. Les traductions sont parfois assez originales mais on finit par s’en sortir. La nuit coûte ici 1280 dollars. Notre chambre, dans laquelle les deux lits simples sont disposés à l’horizontale, est dépourvue de fenêtres. Le monsieur nous propose de réserver nos billets pour l’île verte, offre que nous acceptons. Le ticket aller/retour s’élève à 1120 dollars par personne.

Avant d’avancer plus loin dans l’exploration, on déjeune dans un des restaurants du port. Verdict : pas terrible. On marche en direction de la réserve naturelle de Xiayeliu qui offre une très belle vue sur l’océan. Les vagues qui s’écrasent sur les rochers sont particulièrement fortes.

On continue un kilomètre plus loin vers le point de vue de  Jialulan. Le vent n’y va pas de main morte, on se croirait à Saint-Malo !

On retourne ensuite près du port et c’est là que survient la deuxième péripétie du jour (la première, c’était le retard du train), j’ai nommé la morsure du chien ! C’est Panda 2 qui est injustement victime de ce caniche qui aboie sans discontinuer devant sa maison située dans une de rues adjacentes au port. On ne pensait pas qu’il allait planter les crocs et pourtant… Bref, il a fallu désinfecter la plaie. Heureusement, les cas de rage sont très rares à Taïwan et  ne semblent impliquer que des blaireaux-furets. Pour nous remettre de ces émotions, on achète un paquet de « faux » Digestives (préférez les originaux, ils sont nettement meilleurs) à la supérette tout près de la maison d’hôte. Au vu de la poussière qui recouvre les produits, le magasin n’inspire pas vraiment confiance… On dîne dans un restaurant de fruits de mer dont le patron est prêt à nous servir l’intégralité de la carte ! C’est en tout cas bien meilleur que ce midi.

Soyons clairs, le port de Fugang n’est pas folichon le soir venu. On aurait peut-être dû choisir un hébergement dans le centre-ville de Taitung (sans doute est-il plus vivant que le quartier du port) mais cette considération l’a emporté sur celle de la proximité avec l’embarcadère pour l’île verte.

Aux gorges de Taroko

Une nuit paisible suivie d’un délicieux petit-déjeuner (une omelette taïwanaise), que demander de mieux ? Un peu après neuf heures, on se met en marche pour la gare centrale d’où part notre train pour Xincheng (13 euros par personne). Avant d’embarquer, j’achète deux Kinder Maxi (retour en enfance ?) et un Kit Kat Chunky au Family Mart (à l’image du Japon, Taïwan regorge de Family Mart et de 7 Eleven) situé en haut du quai. Un homme me demande d’où je viens et quand je lui réponds « France », il me sort un « Salut les copains »!

Le train entre en gare. Il est moderne et confortable (le moins qu’on puisse dire, c’est qu’il y a de la place pour les jambes), par contre la clim est réglée en mode Pôle Nord si bien qu’on utilise mon foulard en tant que plaid. Les paysages sont variés. On passe, en effet, par de vertes collines, par le littoral pacifique et par des rizières. Dans le ciel, c’est malheureusement le gris qui domine.

Arrivés deux heures plus tard à destination, on marche en direction de la maison d’hôte réservée l’avant-veille. Il s’agit de la Xincheng Old Street B&B, située à une quinzaine de minutes à pied de la gare. L’accueil y est chaleureux. On nous informe sur les horaires des bus menant aux gorges de Taroko. Une nuit coûte un peu plus de quarante euros mais c’est, d’après nos recherches, un des établissements les moins chers du coin. La chambre, dotée de deux grands lits doubles, donne sur une belle terrasse. Les serviettes sont certes fournies mais elles sont toutes fines et jetables (heureusement qu’on a les nôtres car elles n’ont pas l’air particulièrement agréables à utiliser). On déjeune dans le restaurant de fruits de mer (il n’y a cependant pas que ça à la carte) situé à gauche de notre lieu de villégiature. C’est vraiment très bon pour un prix très abordable (l’équivalent de huit euros pour deux).

Après manger, on parcourt les quelques centaines de mètres qui nous séparent de la mer parce que, comme le chante ce bon Gilbert, « l’océan Pacifique, ça fait quelque chose de magique ».

L’arrêt de bus est localisé juste devant le restaurant dont l’une des autres spécialités semble être un espèce de jus de citron que tout le monde se presse pour acheter. Panda 2 finit d’ailleurs par craquer et par ouvrir son porte-monnaie. Le trajet en bus jusqu’au parc national de Taroko coûte 25 dollars par personne et ne dure qu’une dizaine de minutes. Des toilettes sont installées à l’entrée de ce haut-lieu du tourisme taïwanais. Lorsque j’en sors, je suis marquée par le nombre de personnes qui attendent leur tour, genre une cinquantaine. Il faut dire que, dans l’intervalle, trois bus de touristes (sans doute chinois) ont investi les lieux.

Le centre des visiteurs présente une petite exposition sur la faune et la flore peuplant le parc. Des cartes et des fontaines à eau sont à la disposition du public. Plusieurs sentiers de randonnée s’offrent à nous. On se décide pour celui de Shakadang sur lequel nous marchons deux heures et demi durant. Les magnifiques gorges de Taroko ont été formées par une rivière qui a creusé son chemin à travers les montagnes de marbre et de granit. La couleur de l’eau est superbe, elle doit l’être encore plus quand le soleil est de la partie.

Sur le chemin du retour, la nuit commence à tomber. On réussit tout juste à monter dans le bus, heureusement qu’il est parti un peu plus tard que l’horaire prévu. Au supermarché situé à 700 mètres de la maison d’hôte, on achète des nouilles instantanées pour demain midi ainsi que des Digestives au chocolat (ce sont typiquement les biscuits qu’on ne mange qu’à l’étranger, sans doute parce qu’ils sont introuvables en France). On dîne ensuite dans le restaurant de nouilles implanté juste en face de notre maison d’hôte. Franchement, c’est crade en plus d’être un bazar sans nom. Le personnel n’est pas des plus accueillants mais l’établissement semble être le seul ouvert ce soir. On a rigolé quand on a vu une publicité, à la télévision du restaurant, dans laquelle des joueurs de badminton vantaient les mérites d’un chauffe-eau ! Le repas nous coûte 130 dollars.

Les 18 kilomètres de marche nous aident à tomber rapidement dans les bras de Morphée. A huit heures, on descend prendre le petit-déjeuner sur le canapé de l’entrée car, si un réfrigérateur est à la disposition des clients, il n’y a pas de cuisine dans cette maison d’hôte. La composition du petit-déjeuner est laissée au choix des clients le jour de leur arrivée. J’ai opté pour un bun au porc et des tartines de beurre de cacahuète. Le bun est bon mais la pâte d’arachide est loin d’être la meilleure que j’ai goûtée. L’omelette taïwanaise, sélectionnée par Panda 2, est excellente. Le bémol, à mon sens, c’est que les mets sont emballés dans du plastique alors qu’ils pourraient simplement être servis sur des assiettes.

A neuf heures et demi, on prend le bus pour Lashui (144 dollars pour deux, c’est plus loin) d’où part un sentier de randonnée. Malheureusement, celui-ci n’est pas ouvert en son intégralité en raison d’éboulements. On rebrousse donc chemin au bout de 500 mètres et on le prend dans l’autre sens avant d’être de nouveau bloqués après un kilomètre. On suit donc la route ! Il faut faire attention car l’espace avec les véhicules est parfois réduit. Certains tunnels paraissent interminables. Les vues sur les gorges sont très belles même si la couleur de l’eau est un peu moins stupéfiante qu’hier.

On passe par le pont Cimu avant de débouler sur le tunnel des neuf tournants. Le problème, c’est que certains sentiers ou parties de sentier sont fermés. On se retrouve la plupart du temps à longer la route ou à emprunter des chemins dont la longueur n’excède pas un ou deux kilomètres. Par rapport à hier, on se rend mieux compte de l’altitude des montages environnantes, ce qui rend les gorges encore plus impressionnantes.

Il existe certes des randonnées plus conséquentes dans les montagnes mais des permis sont nécessaires pour les entreprendre. La réservation des permis s’effectue via le site internet du parc. Il faut s’y prendre à l’avance, ce qui n’est guère évident quand on voyage en mode itinérant sans savoir précisément où on sera exactement dans les jours à venir (le permis n’est valable que pour le jour indiqué lors de sa réservation). Nous marchons le long du sentier dit de Swallow Grotto avant d’admirer au loin les sanctuaires de Changchun et de gagner le centre des visiteurs de Taroko par le sentier de Shakadang.

En guise de déjeuner, on avait amené dans nos sacs les nouilles instantanées achetées hier. Les employés du « Buluowan service station » ont eu la gentillesse de nous offrir de l’eau bouillante. On y regarde un film de dix-huit minutes sur la vie d’une tribu de Taroko.

Je reste un peu sur ma faim par rapport à cette deuxième journée au parc national de Taroko. En effet, les brochures disponibles au centre des visiteurs ne précisent pas que certains chemins sont fermés. Par ailleurs, les bus ne sont pas légion en novembre donc il n’est pas si évident de se rendre d’un point à un autre si on n’est pas véhiculé. J’aurais beaucoup aimé me lancer dans une rando catégorisée montage mais le système des permis rend les choses assez complexes d’un point de vue organisationnel. Si nous avons pu profiter des splendides gorges un jour de plus, je ne conseillerais cependant pas de suivre notre parcours du jour car c’est toujours un peu décevant de marcher vingt-six kilomètres le plus souvent en bordure de route. Les chemins présentés sur la carte du centre des visiteurs sont les plus touristiques et les plus prisés des cars de touristes. En fait, les gens, qu’ils soient en voiture, en scooter ou en bus, s’y arrêtent puis continuent leur chemin. Si vous aimez la randonnée, vous n’y trouverez vraisemblablement pas votre pied. Bref, le mieux est sans doute de s’organiser pour obtenir un permis de haute montagne aussi contraignant que cela puisse être.

On repart par le bus 1133 (50 dollars pour deux). Fait marquant du jour : l’achat d’une EasyCard estampillée One Piece (choix éclairé de Panda 2), précieux sésame qui permet de régler un certain nombre de dépenses, telles les trajets en bus (très pratique quand on n’a pas de monnaie). On trouve ces cartes dans les 7 Eleven et Family Mart où on peut également les recharger (mettre du liquide sur la carte). A la gare, on récupère les billets de train pour demain qu’on a achetés sur internet et on prend deux billets pour Hualien (première partie de notre trajet). En ce qu’il s’agit d’un train local, il est impossible d’acheter le billet en ligne.

A l’heure du dîner, on se dirige vers l’autre restaurant situé en face de la maison d’hôte. Rien à voir avec celui d’hier, il est mille fois plus propre et aussi bien meilleur. On paye 140 dollars. Juste à côté du restaurant est implantée une laverie automatique dont l’originalité est d’être couplée à des jeux à pinces car il faut bien se distraire pendant sa lessive !

Taipei : du musée national du palais au mémorial de Tchang Kaï-chek

Le lit de la Mudan House est tout à fait propice au sommeil cependant on se réveille tous les deux sur le coup de quatre heures du matin sans doute parce qu’on a déjà bien dormi dans l’avion entre Pékin et Taipei. Pour le petit-déjeuner, il faut descendre au rez-de-chaussée. Le menu change tous les jours ! Aujourd’hui, ce sont de petits sandwichs servis avec des frites (je crois bien que c’est la première fois que je mange des frites au petit-déjeuner), le tout accompagné de fruits. Les Autrichiens, en compagnie de qui nous petit-déjeunons, nous apprennent que certains trains sont pleins, ce qui nous pousse à réserver dans la foulée les billets pour les gorges de Taroko.

Pour cette première journée à Taipei, on veut aller visiter le célèbre musée national du palais. Suivant les conseils de la dame qui prépare le petit-déjeuner à la Mudan House, on prend le bus 304 qui y mène et qui passe tout près de la maison d’hôte. Le trajet coûte 30 dollars par personne. Le musée (350 dollars l’entrée) est l’un des plus renommé de Taïwan.

Les visiteurs se pressent devant l’impressionnante collection de porcelaine et de calligraphies. La climatisation étant réglée à une température polaire, il convient de prendre avec soi une petite laine. Les jardins du musée sont ouverts au public mais malheureusement fermés le lundi.

On reprend le bus 304. Problème : on n’a pas l’appoint. Le chauffeur, qui n’a pas de monnaie, nous laisse monter moyennant quelques pièces. On s’arrête dans le quartier de Shilin où l’on déguste dans un restaurant végétarien de délicieuses nouilles au lait de coco (240 dollars en tout). On se promène dans le rues alentours avant de prendre le métro jusqu’à la station NTU Hospital. On y découvre le parc de la paix qui n’a rien de très extraordinaire.

On continue vers le mémorial de Tchang Kaï-chek, monument inauguré en 1980 en hommage au premier Président de la République de Chine. Le bâtiment est remarquable par sa taille. Un Tchang Kaï-chek statufié scrute les visiteurs.

Toutes les heures, la garde est relevée. Nous avons justement la chance d’assister à une relève particulièrement bien chorégraphiée. C’est un peu long mais très surprenant de voir ces soldats tout de blanc vêtus effectuer des moulinettes avec leurs fusils.

Désireux de retirer nos billets de train pour demain, on marche en direction de la gare. La dame du bureau d’informations nous est d’une grande aide car elle nous accompagne jusqu’au guichet. Mission réussie !

Un peu fatigués de l’agitation perpétuelle des rues, on rentre se poser à la Mudan House non sans un détour par un centre commercial et par un marché de nuit, celui de la rue Ningxia. On y sent toutes sortes d’odeurs, certaines cependant plus agréables que d’autres.

A l’heure du dîner, nous avons une soudaine envie de dumplings. L’ami Google nous indique la chaîne de restaurants Din Tai Fung qui exploite plusieurs établissements à Taipei (c’est une chaîne assez grosse, elle est présente dans de nombreux pays d’Asie). Le restaurant, dans lequel nous mangeons, se trouve dans un centre commercial huppé, véritable temple de la consommation. C’est à ce jour notre repas le plus cher avec une addition s’élevant à 737 dollars, soit un peu plus de vingt euros. Les ravioles sont certes bonnes mais on a trouvé que ceux au porc et au poulet étaient un peu fades. Quoi qu’il en soit, la chaîne doit avoir bonne presse car les gens s’y pressent et il faut compter une bonne vingtaine de minutes d’attente pour s’assoir à une table. Pour accompagner les dumplings, on se commande une bière taïwanaise.

Bilan de la journée : 20 kilomètres de marche à travers la capitale taïwanaise (à laquelle nous ferons demain matin nos adieux temporaires).

Taipei en vue

On dort bien à l’hôtel des naufragés Air China car la literie y est tout à fait confortable. Il fait faim alors peu après huit heures nous sommes de retour au réfectoire pour le petit-déjeuner. Celui-ci se présente sous la forme d’un buffet composé de mets chinois dans lesquels l’œuf tient une place prépondérante. Comme les autres Français, nous empruntons la navette de dix heures direction l’aéroport. Devant la porte d’embarquement, l’attente nous semble particulièrement longue, il faut dire que nous sommes arrivés tôt à l’aéroport par rapport à l’heure du vol. On achète deux muffins (celui aux myrtilles n’a de myrtilles que dans son nom) ainsi qu’une salade de fruits chez Costa.

L’avion, qui doit être plein, est un Airbus A321 dans lequel le confort est assez sommaire. Pour tout divertissement, des écrans diffusent des reportages de la télévision chinoise (dont l’un est consacré au curling). On nous sert à boire puis à manger à notre plus grande joie. Le vol touche bientôt à sa fin et on est bien content d’arriver à Taipei après cette escale pékinoise dont on serait volontiers passé…

A destination, on passe par un contrôle des bagages à main en raison de l’épidémie de peste porcine qui semble beaucoup inquiéter nos amis taïwanais. Les formalités d’immigration sont rapides (j’ai même droit à un « au revoir » en français) et les bagages sont déjà livrés lorsque nous atteignons les tapis roulants. Nous achetons deux jetons pour le train express MTR (prix : 150 dollars par tête) qui nous emmène en une trentaine de minutes à la gare centrale. Le train, très moderne, est équipé du wifi (plus besoin de VPN !).

De la gare, on se rend à pied à l’hôtel, la Mudan House (196, Changji Street). Il nous faut une bonne demi-heure pour l’atteindre, ce qui n’est guère très agréable car il fait lourd en cette fin de journée. On est frappé par le nombre de deux roues et par l’intensité de la circulation. Il fait déjà nuit et les gens se pressent aux tables des restaurants et autres gargotes de cuisine de rue. A la Mudan House, où la nuit coûte une quarantaine d’euros, l’accueil est très sympathique. La chambre est joliment décorée avec en prime trois ouvrages de Simone de Beauvoir disposés dans la petite bibliothèque. La salle de bain est partagée.

Il est temps de dîner ! Sur les conseils du gérant de l’auberge, on arpente une rue située juste à côté dans laquelle les restaurants et étals de cuisine de rue sont légion. On tourne un peu histoire de faire l’inventaire des forces en présence avant de nous poser dans un petit restau dans lequel toutes les tables ou presque sont occupées. On nous apporte un menu et une feuille sur laquelle il faut cocher les plats choisis. Il nous faut donc identifier les idéogrammes, ce qui nous prend un peu de temps. Les gens de la table voisine nous font goûter les nouilles à la sauce sésame pour lesquelles j’opte tellement elles sont bonnes. Ils nous suggèrent de commander une soupe de dumplings, ce qui s’avère un excellent choix.

P1040619

On mange en plus du porc avec du riz et des boules de riz à la viande. Bilan : on s’est régalé pour la modique somme de cinq euros. On fait ensuite une petite promenade digestive dans le quartier. Le nombre de salles remplies de jeux, dont le but est d’attraper des figurines ou des peluches avec des pinces, est impressionnant !

Taipei via Pékin, l’escale imprévue

Alors que nous avions l’année passée mis le cap sur le Canada, l’envie de dépaysement et d’exotisme s’est de nouveau fait sentir. Si le continent asiatique s’est rapidement imposé, encore fallait-il se décider pour un pays. Le résultat des courses, Taïwan, peut sembler singulier car cette petite île au large de la Chine est loin d’être l’endroit le plus touristique du continent. Non, nous n’avons pas lancé un compas sur une carte d’Asie ! En fait, l’attirance pour Taïwan remonte à notre voyage au Japon où nous avions rencontré une très sympathique taïwanaise qui nous avait très bien vendu les charmes de sa contrée natale. Ajoutez à cela quelques connaissances revenues enchantées de leur séjour à Taïwan, il n’en fallait guère plus pour nous convaincre.

En ce vendredi de novembre, le départ est enfin arrivé. Peu après 16 heures, on monte dans le RER A puis dans dans son cousin B pour gagner le bien connu aéroport Charles de Gaulle où les formalités s’enchaînent rapidement. C’est pendant l’attente devant la porte d’embarquement que notre humeur commence à déchanter car l’avion, censé décoller à 19 heures 30, est annoncé avec au moins vingt minutes de retard. C’est finalement avec une bonne heure d’atermoiement que le Boeing 777-300, chargé de nous emmener à Pékin, décolle.

Après une expérience tout sauf mémorable sur un vol Pékin-Paris il y a cela quelques années, j’avais crié haut et fort qu’il faudrait me passer les menottes pour me faire de nouveau monter dans un avion estampillé Air China. C’était sans compter avec le fait qu’il ne faut jamais dire « Fontaine, je ne boirai pas de ton eau » car me revoilà assise dans un aéronef de la première compagnie chinoise. Vous vous demanderez peut-être la raison de ce revirement de jurisprudence (expression qui prend tout son sens quand c’est une juriste qui l’emploie). On ne va pas se le cacher, l’argument financier a pesé lourd dans la balance. 330 euros aller-retour pour Taipei, c’est vraiment hors concours par rapport aux tarifs proposés par la concurrence.

A bord, les consignes de sécurité sont toujours présentées dans une vidéo dont l’acteur principal est un adorable petit panda à qui il arrive toutes les merdes du monde (nous serons gratifiés de la version 2.0 sur le vol retour). Avec plus d’une heure de retard au décollage, on se dit qu’il va falloir serrer les fesses et courir pour attraper la correspondance pour Taipei. Le début du vol est marqué par de nombreuses turbulences qui perturbent le service des plateaux repas. Niveau bouffe, ce n’est pas extraordinaire mais ça reste mangeable. Le personnel d’Air China ne sert pas beaucoup d’eau au cours du vol, heureusement que j’avais prévu le coup en remplissant ma gourde dans une des fontaines à eau de l’aéroport (ce qui est bien à Roissy, c’est qu’elles sont nombreuses, ce qui n’est pas le cas partout, comme par exemple à Helsinki où j’avais galéré pour trouver un robinet d’où sortait de l’eau fraîche). L’écran de divertissement est aussi désuet que lent. Niveau films, il faut mieux aimer les productions de l’Empire du Milieu particulièrement bien représentées dans la sélection.

Comme prévu ou presque, l’avion pour Taipei part sans nous. Au comptoir Air China, on nous indique qu’il n’y a pas d’autre solution que de passer la nuit à l’hôtel pour prendre le vol du lendemain. Il nous faut donc nous faire délivrer un visa temporaire (gratuit), passer l’immigration, récupérer nos bagages puis aller à un autre comptoir où nous attend une navette pour l’hôtel. Je vous la fais courte mais cela nous prend pas mal de temps car les consignes ne sont pas très claires et parfois contradictoires. Lentement mais sûrement, on réussit toutes les étapes, ralliés par trois compatriotes dans la même galère. Après quinze minutes de trajet, on arrive dans un hôtel sans charme. La chambre, à la décoration un peu kitsch (mention spéciale au mur pailleté) est toutefois confortable. Pour pouvoir profiter pleinement du wifi, il nous faut installer un VPN sur nos téléphones, sans quoi pas de Facebook, Google, WhatsApp et autres réjouissances.

Vers 18 heures, on prend la direction du restaurant de l’hôtel ou plutôt du réfectoire tellement celui-ci est glauque et surdimensionné. S’il existe une carte, nous n’y sommes pas éligibles et devons nous contenter d’un buffet aussi peu fourni qu’insipide. C’est avec ce type de prestation que tu prends pleinement conscience que tu voyages en classe économique ! L’alcool de riz maison (qu’il fait lui-même !) offert par un des Français vient cependant égayer notre dîner.

Je mettrai tout en œuvre pour que l’article suivant soit moins rasoir, promis !