Taipei via Pékin, l’escale imprévue

Alors que nous avions l’année passée mis le cap sur le Canada, l’envie de dépaysement et d’exotisme s’est de nouveau fait sentir. Si le continent asiatique s’est rapidement imposé, encore fallait-il se décider pour un pays. Le résultat des courses, Taïwan, peut sembler singulier car cette petite île au large de la Chine est loin d’être l’endroit le plus touristique du continent. Non, nous n’avons pas lancé un compas sur une carte d’Asie ! En fait, l’attirance pour Taïwan remonte à notre voyage au Japon où nous avions rencontré une très sympathique taïwanaise qui nous avait très bien vendu les charmes de sa contrée natale. Ajoutez à cela quelques connaissances revenues enchantées de leur séjour à Taïwan, il n’en fallait guère plus pour nous convaincre.

En ce vendredi de novembre, le départ est enfin arrivé. Peu après 16 heures, on monte dans le RER A puis dans dans son cousin B pour gagner le bien connu aéroport Charles de Gaulle où les formalités s’enchaînent rapidement. C’est pendant l’attente devant la porte d’embarquement que notre humeur commence à déchanter car l’avion, censé décoller à 19 heures 30, est annoncé avec au moins vingt minutes de retard. C’est finalement avec une bonne heure d’atermoiement que le Boeing 777-300, chargé de nous emmener à Pékin, décolle.

Après une expérience tout sauf mémorable sur un vol Pékin-Paris il y a cela quelques années, j’avais crié haut et fort qu’il faudrait me passer les menottes pour me faire de nouveau monter dans un avion estampillé Air China. C’était sans compter avec le fait qu’il ne faut jamais dire « Fontaine, je ne boirai pas de ton eau » car me revoilà assise dans un aéronef de la première compagnie chinoise. Vous vous demanderez peut-être la raison de ce revirement de jurisprudence (expression qui prend tout son sens quand c’est une juriste qui l’emploie). On ne va pas se le cacher, l’argument financier a pesé lourd dans la balance. 330 euros aller-retour pour Taipei, c’est vraiment hors concours par rapport aux tarifs proposés par la concurrence.

A bord, les consignes de sécurité sont toujours présentées dans une vidéo dont l’acteur principal est un adorable petit panda à qui il arrive toutes les merdes du monde (nous serons gratifiés de la version 2.0 sur le vol retour). Avec plus d’une heure de retard au décollage, on se dit qu’il va falloir serrer les fesses et courir pour attraper la correspondance pour Taipei. Le début du vol est marqué par de nombreuses turbulences qui perturbent le service des plateaux repas. Niveau bouffe, ce n’est pas extraordinaire mais ça reste mangeable. Le personnel d’Air China ne sert pas beaucoup d’eau au cours du vol, heureusement que j’avais prévu le coup en remplissant ma gourde dans une des fontaines à eau de l’aéroport (ce qui est bien à Roissy, c’est qu’elles sont nombreuses, ce qui n’est pas le cas partout, comme par exemple à Helsinki où j’avais galéré pour trouver un robinet d’où sortait de l’eau fraîche). L’écran de divertissement est aussi désuet que lent. Niveau films, il faut mieux aimer les productions de l’Empire du Milieu particulièrement bien représentées dans la sélection.

Comme prévu ou presque, l’avion pour Taipei part sans nous. Au comptoir Air China, on nous indique qu’il n’y a pas d’autre solution que de passer la nuit à l’hôtel pour prendre le vol du lendemain. Il nous faut donc nous faire délivrer un visa temporaire (gratuit), passer l’immigration, récupérer nos bagages puis aller à un autre comptoir où nous attend une navette pour l’hôtel. Je vous la fais courte mais cela nous prend pas mal de temps car les consignes ne sont pas très claires et parfois contradictoires. Lentement mais sûrement, on réussit toutes les étapes, ralliés par trois compatriotes dans la même galère. Après quinze minutes de trajet, on arrive dans un hôtel sans charme. La chambre, à la décoration un peu kitsch (mention spéciale au mur pailleté) est toutefois confortable. Pour pouvoir profiter pleinement du wifi, il nous faut installer un VPN sur nos téléphones, sans quoi pas de Facebook, Google, WhatsApp et autres réjouissances.

Vers 18 heures, on prend la direction du restaurant de l’hôtel ou plutôt du réfectoire tellement celui-ci est glauque et surdimensionné. S’il existe une carte, nous n’y sommes pas éligibles et devons nous contenter d’un buffet aussi peu fourni qu’insipide. C’est avec ce type de prestation que tu prends pleinement conscience que tu voyages en classe économique ! L’alcool de riz maison (qu’il fait lui-même !) offert par un des Français vient cependant égayer notre dîner.

Je mettrai tout en œuvre pour que l’article suivant soit moins rasoir, promis !

L’aventure commence … à Zurich

Pour la première fois de ma vie, je m’apprête à voyager avec Swiss mais force est de constater que mon histoire avec cette compagnie ne débute pas de la meilleure des manières. En effet, la veille du départ, nous recevons un courriel de Swiss nous informant de notre enregistrement automatique sur les vols. Le problème, c’est que le vol Zurich / São Paulo n’est plus le même que celui choisi lors de la réservation… Nous étions censés partir le mardi soir et voilà, sans plus d’explication, le vol reporté au mercredi matin. J’ai essayé de joindre la compagnie pour obtenir plus d’informations mais dix minutes passées à attendre sur le standard ont eu raison de ma patience (inutile de préciser que l’appel est surtaxé). Bref, niveau service client, on aura connu mieux !

A Roissy, on nous annonce que Swiss prendra en charge la nuit d’hôtel. Le vol pour Zurich décolle avec quelques minutes de retard. L’avion un Bombardier C 100/300 (première fois que je monte dans un appareil de l’avionneur canadien) est très récent. On nous sert un petit sandwich au fromage ou au salami ainsi qu’une boisson et, pour finir en beauté, un petit chocolat suisse. Arrivés à Zurich, on récupère les sacs, conformément à ce qu’on nous avait dit à Paris, avant de se diriger vers le comptoir Swiss. Les employés semblent étonnés de nous voir et ne comprennent visiblement pas pourquoi nous n’avons pas été informés plus tôt de l’annulation du vol… Notre situation s’arrange, on nous remet un bon pour une chambre d’hôtel. Le « bus des hôtels » nous dépose devant l’Allegra. Pour le dîner, nous avons droit à 20 francs suisses par tête au restaurant de l’hôtel, autant dire pas grand chose car le plat le moins cher au menu est déjà à ce prix. Nous payons la différence en euros, l’hôtel acceptant cette devise. Au niveau gustatif, les pâtes au pesto et le burger n’ont rien d’exceptionnel. La chambre est impersonnelle, comme souvent dans ce genre d’établissement, mais spacieuse. On regarde la fin du match de Ligue des Champions opposant Manchester United au FC Séville. Trop courte pour visiter Zurich, cette petite escale m’aura cependant permis de parler la langue de Goethe et de me rappeler que les Suisses germanophones ont un accent bien à eux !

Nous nous levons un peu après sept heures après une bonne nuit de sommeil. Le petit-déjeuner est minimaliste (boisson, croissant, pomme) et donc vite avalé. Le même type de minibus qu’hier nous dépose à l’aéroport. La sécurité et la douane passés, nous nous postons devant la porte d’embarquement où nous attend un triple 7. De ma « carrière aéronautique », je n’avais encore jamais voyagé dans un avion si vide ! Visiblement, certains passagers se plaignent du manque d’information sur ce vol. Il s’agit apparemment d’un vol spécial, dans le sens où les Zurich / São Paulo partent d’ordinaire le soir et non le matin.

Comme à chaque voyage, l’heure est venue de la désormais traditionnelle « critique aérienne ». Les plus grands d’entre vous seront plutôt à leur aise en classe économique chez Swiss car la place réservée aux jambes est, à mon sens, très correcte. Les repas sont satisfaisants (j’ai opté pour des pâtes au fromage et aux pommes ; recette helvétique ? accompagnées d’une petite salade, d’un morceau de fromage suisse et d’un gâteau de type germanique). Les hôtesses proposent régulièrement des boissons (on nous a également servi une crème glacée). Cerise sur le gâteau, à côté des toilettes, on trouve des en-cas en libre service (aussi bien des boissons que des pommes, barres chocolatées et même petits sandwichs). L’offre de divertissement n’est pas aussi foisonnante que celle des compagnies du Golfe (par exemple, on ne peut pas écouter d’albums mais seulement des sélections de titres) mais le mieux, sur ce vol, c’est que l’avion est quasi désert, ce qui permet :

  • de ne pas attendre son tour pour aller aux toilettes ;
  • de profiter de toilettes propres en toutes circonstances ;
  • de se lever sans déranger personne ;
  • de s’étaler sur une banquette de trois ou quatre sièges.

Ce qui reste cependant compliqué, c’est de s’occuper pendant un vol de 11 heures 30 (ce qui constitue mon plus long à ce jour !). Pour ma part, si regarder un film me va bien (en l’occurrence, Anna Karénine), j’ai du mal à en enchaîner plusieurs. Vu qu’il n’y a pas grand monde pour taper la discut’, j’écris et je lis la Bible du voyageur francophone, à savoir le guide du Routard, entre deux parties de Tetris, qui reste mon passe-temps favori dans un avion. L’objectif est de ne pas trop dormir pour se caler au plus vite sur le fuseau horaire d’arrivée (car l’avion arrive à São Paulo en fin de journée).

11 heures 27 plus tard, nous foulons le sol brésilien. Les formalités liées à l’immigration sont des plus rapides (avant ça, au sortir de l’avion, on nous pose quelques questions sur notre séjour en vérifiant nos passeports ; le gars qui m’interroge le fait en français, il est Ivoirien !). Le tampon brésilien n’est pas des plus jolis mais qu’importe ! Nous récupérons nos sacs et nous nous dirigeons vers la sortie où nous attendent nos chers amis, Adèle et Pedro, coupe franco-brésilien. Avec Pedro, on s’est connu à Strasbourg il y a de cela (déjà) huit ans. Après sept années passées en France, il est retourné au Brésil accompagné de sa femme française et c’est sur leur invitation que nous avons entrepris ce long voyage.

Nous quittons l’aéroport en voiture, celle que nos amis ont louée pour une dizaine de jours. Le trajet dure une bonne heure et le moins que l’on puisse dire c’est que la circulation est dense. Les deux-roues déboulent de partout et les automobilistes forcent souvent le passage aux intersections. On arrive chez nos amis qui habitent le quartier de  Pinheiros. On se pose un peu avant de sortir dîner dans un restaurant péruvien, le Riconcito Peruano (832, Rua dos Pinheiros). Les portions sont particulièrement généreuses. N’hésitez pas à commander du ceviche, il est excellent. En France, on n’est pas très familier avec la cuisine péruvienne et c’est dommage car elle a plein de bonnes choses à offrir. Revenus du restau, on allume la télé et on tombe sur le match de la coupe Libertadores entre les Corinthians (club de São Paulo) et le Deportivo Lara (je viens d’apprendre qu’il s’agit d’une équipe vénézuélienne). La fatigue commençant à produire ses effets, on ne tarde pas trop à se coucher. J’allais oublier : en ce premier jour brésilien, on aura essuyé un bel orage avec une succession d’éclairs assez impressionnante, le tout sous une pluie battante.

Les péripéties dues à l’annulation du vol Zurich / São Paulo nous auront permis de récolter 600 euros chacun, somme supérieure à celle déboursée pour acheter les billets d’avion (530 euros). Autant dire que ce voyage ne nous aura pas coûté trop cher !

L’aventure commence dans la tourmente : Abou Dabi, la halte inattendue

Pour rallier Chengdu, première étape du périple dans l’Empire du Milieu, nous avons choisi la compagnie Etihad Airways, ce qui implique une escale à Abou Dabi. Le problème, c’est que la veille du départ, nous apprenons qu’en raison, d’une part, d’un mouvement de grève des contrôleurs aériens et, d’autre part, des accords liant Air France à Etihad, notre vol pour Abou Dabi décollera avec deux heures de retard sur l’horaire prévu (00:05 en lieu et place de 21:50). Cette nouvelle ne nous enchante guère car nous sommes à peu près certains de louper la correspondance pour Chengdu. Or, il n’y a qu’un seul vol quotidien entre Abou Dabi et la capitale du Sichuan…

Le vol pour Abou Dabi se déroule paisiblement mais je trouve que par rapport à l’an dernier (nous avions emprunté la même ligne) la qualité du service a un peu baissé : un seul repas en un peu plus de six heures de vol (les passagers de la classe affaires ont eu droit, eux, à un pain au chocolat avant l’atterrissage), un dessert (une sorte de cheesecake vanille myrtille) au goût particulièrement chimique, un personnel de bord un peu moins sympathique. Cependant, Etihad reste selon moi une valeur sûre du secteur aérien.

Arrivés dans la capitale des Emirats Arabes Unis, nous sommes accueillis par un employé d’Etihad. Il explique aux passagers pour Chengdu (essentiellement des Chinois) que la seule option est de prendre le vol du lendemain. En contrepartie, la compagnie nous paye l’hôtel et les repas. Un minibus nous embarque donc vers le Radisson Blu, situé à quinze minutes de l’aéroport. Nous y prenons directement le petit-déjeuner (très complet, beaucoup de choix) avant de nous poser dans la chambre pour dormir un peu et réfléchir à la suite des événements car nous avons deux nuits d’hôtel de réservées à Chengdu. Nous écrivons donc au Mrs Panda Hotel (le nom ne s’invente pas !) pour modifier la réservation. Nous avions également acheté deux billets de train via l’application Ctrip. Nous faisons en sorte d’en échanger un mais nous ne sommes pas certains que l’action ait été prise en compte par l’appli. Nous déjeunons à l’hôtel. Comme pour le petit-déjeuner, il s’agit d’un buffet avec entrées, plats et desserts d’inspiration orientale, indienne et occidentale (il y en a donc pour tous les goûts).

Bien ravitaillés, nous partons faire un tour dans notre destination d’un jour. Pour ce faire, nous retirons 200 dirhams au distributeur de l’hôtel. Nous montons ensuite dans un taxi qui nous mène vers la mosquée Sheikh Zayed. Achevée en 2007 et réalisée dans le style traditionnel de l’architecture islamique, elle est dominée par quatre minarets et peut accueillir jusqu’à 40 000 personnes.

L’entrée est gratuite alors allez-y, cette mosquée vaut le détour ! Les femmes doivent porter un voile sur leurs cheveux et des vêtements couvrants. Pas de panique, la mosquée met gratuitement à disposition des tenues homologuées (une sorte de longue tunique à manches longues avec capuche intégrée). J’en ai revêtue une et il faut bien reconnaître qu’entre la chaleur (le mercure frôle les 37 degrés) et la robe d’un jour par dessus mes vêtements, je me sens toute moite. La visite achevée, on reprend un taxi qui nous dépose au Breakwater, célèbre point de vue donnant sur la mer et les gratte-ciels. Nous marchons ensuite vers Corniche Beach et Abu Dhabi Beach (compter une demi-heure de promenade) avant de remonter dans un taxi qui nous ramène à l’hôtel.

Des bus circulent dans Abou Dabi mais le personnel de l’hôtel nous a expliqué qu’il fallait acheter une carte à la gare routière centrale pour pouvoir emprunter le réseau et qu’il était plus simple de prendre le taxi. Nous n’avons pas cherché à en savoir plus et vu que nous n’avions qu’une après-midi devant nous, nous avons, en effet, fait ce qui nous semblait le plus simple. Après ces trois courses, il nous reste 20 dirhams (nous avons laissé des pourboires aux trois chauffeurs). Nous dînons à l’hôtel où, en plus du buffet, on peut choisir du poisson ou de la viande cuits sous nos yeux. Les morceaux sont délicieux.